Agritrans ou l’arnaque de la décennie !

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Où est passé Agritrans, le vaste projet de plantation de banane qui a propulsé Jovenel Moise à la magistrature suprême de l’Etat ? Voilà une question à laquelle le commun des mortels attend une réponse claire de la part du régime Tèt Kale. Mais toujours est-il que personne n’a pipé mot. La présomption la plus évidente au regard de la réalité actuelle des 1000 ha de terre agricole prévue pour ce projet est que ceci n’a été qu’un prétexte de blanchiment d’argent et un outil électoral mis en place par l’équipe Tèt Kale, avec bien entendu, l’argent des contribuables.

Même si l’on voulait accorder le bénéfice du doute à Jovenel Moise, alors simple citoyen, il est aussi juste de soutenir qu’à un certain moment, il a décidé volontiers de mettre son entreprise au profit de l’équipe de Joseph Michel Martelly. « Je crois que ce projet faisait partie d’un grand projet de bluff électoral », a commenté un professeur de Sciences Politiques à L’Université d’Etat d’Haïti qui a voulu requérir l’anonymat.
Six millions de dollars ont été décaissés des fonds du trésor public, en guise d’un premier versement pour financer ce projet. Quinze millions avaient été promis. Mais, c’est le blackout total sur cette deuxième tranche de financement. D’après plusieurs étudiants en Agronomie à l’Université d’Etat d’Haïti, ce projet pouvait insuffler une bouffée d’oxygène à la production agricole nationale, toutefois l’avarice des membres du gouvernement Tèt Kale en a fait une affaire politique qui ne visait qu’à rallier des gens sous la bannière de leur parti PHTK.
L’Etat haïtien a mis de grands moyens et des ressources à la disposition de Jovenel Moise pour monter ce projet de « maquillage » politique alors que nombre d’agriculteurs auraient pu faire des merveilles avec ces moyens. Malheureusement, seul le bien-être personnel et les intérêts de clans guident l’action du régime de PHTK 1 et 2.
En octobre 2014, le président Martelly a lancé officiellement le projet AGRITRANS, par la mise à terre des premières plantules de bananes organiques à Trou du Nord. L’idée avait été lancée en novembre 2013 et le principal responsable de l’entreprises était Jovenel Moïse, entretemps devenu président du pays depuis février 2017.
Le projet visait la production de bananes organiques destinées à l’exportation et 3.000 paysans de la zone étaient impliqués dans le projet. Une première surface de 400 ha des 1.000 ha prévues, a été libérée pour ce projet et les paysans ont été expropriés de leur terres pour devenir, en compensation, des actionnaires de l’entreprise. Les investissements pour la préparation des terres venaient du consortium FEPA/Agritrans et permettaient de disposer de matériels modernes, d’un lac artificiel et de pompes à irrigation. Une création de 3.000 emplois était prévue. Le coût total du projet s’élevait à 27 millions de dollars et le Fonds de Développement Industriel (FDI) intervenait pour 6 millions de dollars Américains.
Le projet concernait une plantation de bananes comme projet agro-industriel en zone de libre-échange, pour exportation, ce qui veut dire sans paiement de taxes d’exportation, ni de frais de douanes ou impôts sur les investissements et cela pendant plusieurs années. Cela signifie aussi que 70% doit être destiné à exportation et 30% destiné au marché local. Agritrans dispose des terres des paysans pendant au moins 25 ans.
Le 8 septembre 2015 la première cargaison de bananes organiques laissait le port de Cap Haïtien en direction de Hambourg, Allemagne. En avril 2016 une deuxième cargaison a été préparée pour expédition vers l’Allemagne. Depuis lors, il y a un silence complet autour de l’entreprise et l’initiative.
A quand le remboursement de cet argent ? Le peuple haïtien peut être démissionnaire, mais il y aura toujours des compatriotes conséquents pour observer la réalité des choses et demander des comptes. Somme toute, le bluff électoral de Jovenel Moise a bel et bien été gobé par la population haïtienne, mais nous devons tenir en mémoire, jusqu’à preuve du contraire que le projet de plantation de banane d’Agritrans était un prétexte de blanchiment d’argent à des fins électorales pour les ténors du mouvement Tèt Kale.
Patrick Réma

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